OMC / ELECTION AU POSTE DE DIRECTEUR GENERAL L’AFRIQUE EN RANG DISPERSE.
Les candidatures pour prétendre à la succession du Brésilien Roberto Azevêdo, qui avait annoncé qu’il quitterait ses fonctions de Directeur Général de l’Organisation Mondial du Commerce le 31 août 2020, ont donné de voir une fois de plus un continent divisé. Six candidats, dont trois Africains, ont été présentés dans la course à la tête de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Avec le retrait de la candidature du Benin, l’Afrique a présenté trois candidats : l’Egypte, le Kenya et le Nigeria.
La candidate du Kenya a finalement déposé sa candidature en dernière position et tard dans la nuit. Situation qui permet d’entrevoir de longues tractations et désaccords. A l’annonce de la démission du brésilien, les regards étaient tournés vers Amina Mohamed du Kenya. Actuellement membre du gouvernement au Kenya et en charge de la Jeunesse et des Sports, elle a aussi géré le portefeuille des Affaires Etrangères. Elle a de l’expérience dans l’organisation, et avait le soutien de la Grande Bretagne. Le Royaume-Uni a présenté officiellement la candidature de M. Liam Fox. Amina Mohamed était déjà candidate face à Azevedo en 2013.
Mme Ngozi Okonjo-Iweala, soutenue par le Nigéria, a été Ministre des Finances du Nigeria au début des années 2000. Lors de son passage à ce ministère ; elle s’est battu pour réduire les effets de la corruption et le poids de la dette publique. Elle a été également directrice des opérations de la Banque mondiale. Avec son expérience aux Affaires étrangères, la présidente de l’Alliance mondiale pour les vaccins et vaccinations (Gavi), saura où trouver le soutien qu’il faut.
L’Organisation Mondiale de la santé (OMS) étant aussi bien une autre organisation dont les enjeux politiques autour de la gestion de la
pandémie permettent d’exposer plus ses cadres et son premier responsable notamment. Sa candidature fait l’objet d’un différend juridique avec l’Union africaine.
L’Union africaine, avait officiellement sélectionné trois noms, mais parmi eux, seul l’Égyptien de nationalité suisse, Hamid Mamdouh, ancien haut fonctionnaire de l’OMC ayant aussi une grande expérience dans la maison a déposé sa candidature. Cet avocat pourrait déjouer les pronostics du fait de sa maitrise des instruments et des mécanismes de l’Organisation. Arguments lui ayant valu le soutien de l’Union africaine.
« C’était prévisible… », avance un diplomate en poste à Addis-Abeba sur la question de la candidature unique africaine. « Nous donnons le maximum et faisons toutes les consultations en tant qu’institution régionale pour tirer avantage d’une candidature unique, mais ce qu’il faut savoir, c’est que nos consultations n’empêchent pas les négociations au niveau des Etats membres » ajoute-t-il. Tout récemment pour le Conseil de Sécurité des Nations Unies, le Kenya et Djibouti ont eu du mal à s’entendre, présentant le visage d’un continent partagé.
Il s’agissait là d’une position destinée d’office à l’Afrique. Face aux candidats africains en compétition, on note les candidatures suivantes : Dr Jesús Seade Kuri du Mexique (candidature déposée le 8 Juin 2020), Mr Tudor Ulianovschi de la Moldavie (candidature déposée le 16 Juin 2020), Mlle Yoo Myung-hee de la République de Korè (candidature déposée le 22 juin 2020), Mr Mohammad Maziad Al-Tuwaijri du Royaume de l’Arabie Saoudite (candidature déposée le 8 juillet 2020), et Dr Liam Fox de la Grande Bretagne (candidature déposée le 8 juillet 2020).
Au-delà de tout, il faudrait bien que le remplacement de M. Roberto soit plus axé sur la compétence et non sur de quelconques arrangements politico-diplomatiques. Le futur DG devra être en mesure de repositionner l’Organisation qui en ce moment a de grands chantiers en l’occurrence la conférence ministérielle de 2021, l’accélération des
négociations en latence depuis un moment déjà, la relance du dialogue avec Washington qui réclame sa refonte, ainsi que le retrait de la Chine de la liste des pays en développement ; et plus complexe, faire face à la crise économique actuelle générée par la pandémie du coronavirus.
Après la clôture le 8 juillet 2020 des candidatures et selon le calendrier annoncé par le président du Conseil général, David Walker, les candidats seront invités à rencontrer les membres lors d’une réunion spéciale du Conseil général, à présenter leurs points de vue et à répondre aux questions des membres.
À la fin de la dernière étape du processus consultatif, le président, avec le soutien des facilitateurs, soumettra le nom du candidat le plus susceptible de susciter un consensus et recommandera sa nomination par le Conseil général. Le directeur général est nommé pour un mandat de quatre ans et est rééligible pour un nouveau mandat n’excédant pas quatre ans.
Dans des circonstances normales, la deuxième phase du processus donne l’occasion aux candidats de se faire connaître des membres et elle dure trois mois. Mais à la suite des discussions avec les membres, il a été convenu que celle-ci dite de “campagne” sera raccourcie d’un mois et expirera le 7 Septembre. C’est donc à cette date, que débutera la troisième et dernière phase du processus. Les Africains réussiront-ils à mettre de côtés leurs divergences et faire campagne afin que l’Afrique qui n’a jamais occupé ce poste puisse conserver ses chances ?