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December 2, 2024
POLITIQUE

Cameroun/Marche du 22 septembre 2020: L’autre preuve de radicalisation du régime de Yaoundé

  • septembre 26, 2020
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Cameroun/Marche du 22 septembre 2020: L’autre preuve de radicalisation du régime de Yaoundé

Le gouvernement a réagi par l’autorisation des marches acquises à sa cause, l’ultra fortification des grandes villes et des arrestations de manifestants et des leaders politiques à leur domicile.

Selon les chiffres de Maurice Kamto, ses alliés et ses conseils, 589 personnes (manifestants ou non) sont en détention dans plusieurs maisons d’arrêts sur l’étendue du territoire. Certains alliés de Maurice Kamto, notamment des camarades de l’opposante camerounaise Edith Kah Wallah, auraient été arrêtés et traduits au tribunal militaire de Yaoundé plusieurs jours avant la manifestation.

Plusieurs leaders du MRC, parti politique de Maurice Kamto et principale formation de la plateforme organisatrice de la marche, ont été arrêtés à leur domicile. C’est le cas à Yaoundé où Alain Fogue, trésorier national du MRC a été arrêté alors que la ville n’a connu aucune marche. Il a été interpellé dans son domicile. Ce serait également le cas pour Olivier Bibou Nissack, le porte-parole du leader du MRC.

Dans le Moungo, au littoral, plusieurs autres leaders et militants du MRC ont également été interpelés à leur domicile.

Le ministre de l’administration territoriale, lors de sa déclaration à la presse le 11 septembre 2020 avait prévenu que son département était « chargé du maintien de l’ordre, de la protection des personnes et de leurs biens, de l’encadrement des activités des partis politiques ». Il avait conclu sa déclaration par un adage culturel du Cameroun « en tapant sur une ruche d’abeilles, vous savez ce qui vous attend lorsque vous ne pouvez pas fuir ». Cette mise en garde sonnait comme un tocsin d’apocalypse.

Fortification

Si la marche du 22 septembre n’a pas connu le succès que lui souhaitaient ses organisateurs, c’est bien parce que l’impressionnant déploiement dissuasif des forces de sécurités a contraint les manifestants. A Yaoundé, les unités anti-émeutes de la police et de la gendarmerie camerounaise ont vigoureusement occupé toutes les principales artères et carrefours de la ville. Elles ont ostentatoirement déployé des dizaines de gendarmes et policiers antiterroristes encagoulés en faction, de chars, canons à eau, véhicules blindés, matraques, bouclier anti-émeute et armes… Toutes les 9 autres capitales de région dont Douala, Bafoussam, Bamenda et Buea et Bertoua ont été parées au même dispositif dissuasif.

Outre ce dispositif matériel, il y a eu l’action de l’armée immatérielle. Le réseau internet a été sensiblement détérioré entre le 20 et le 23 septembre 2020. La qualité de la connexion internet de tous les opérateurs mobiles a empêché l’optimalité des échanges sur les réseaux sociaux. A dire que la répression s’est déroulée également sur le virtuel.

Dérapage

Dans cette opération de répression de l’insurrection de l’opposition, les gardiens de la vérité ont aussi péri. Des journalistes venus couvrir le déroulement de la marche ont été pris à parti par les forces de l’ordre.

Dans un communiqué rendu public dans la foulée, Radio France internationale (RFI), s’est offuisqué contre les sévices subis par son correspondant de à Yaoundé. Polycarpe Essomba « a reçu plusieurs coups de matraque, plusieurs coups de pied et a été emmené dans un commissariat, où il a été retenu pendant plus de deux heures avant d’être relâché ». Dans ses éditions de journal télévisé et de talk-show politique de la nuit du 22 septembre, la télévision privée camerounaise Equinoxe a annoncé que son cameraman Rodrigue Ngassi a été la cible de brutalités, molestations et maltraitances. Un certificat médical a d’ailleurs été établi par son employeur.

A Douala, plusieurs hommes de média ont été arrêtés et mis en détention : le journaliste Jarvis Tah Mai et le cameraman Christian Tebong de Media Prime TV. Certains ont commencé à être libérés comme Lindovi Ndjio, journaliste à La Nouvelle Expression, un quotidien privés. Il a retrouvé sa liberté le 24 septembre 2020, après 30 heures de garde à vue.

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Hommes d'Afrique Magazine

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