Cameroun: exportations illicites du Cacao vers le Nigeria
L’interprofessionnel préoccupé par l’ampleur du phénomène et la taxation du cacao au niveau des producteurs.
Leurs doléances ont été présentées ce mardi 27 août 2024 au ministre du Commerce, Luc Magloire Mbarga Atangana à Yaoundé au cours d’une réunion relative à l’exportation du cacao camerounais au Nigeria relative .A l’initiative de la directrice générale de Telcar Cocoa Ltd Mme Kate Kanyi -Tometi Fotso, leader dans la distribution du cacao en Afrique Centrale. En présence des représentants de l’Interprofession, et des exportateurs.
« Malgré vos occupations vous avez acceptez de nous recevoir .Ce n’est pas souvent le cas au niveau de vos collègues. En tant que tutelle, notre visite a trait au problème de vente du cacao qui passe le Nigeria et cela nous préoccupe. Nous savons que vous avez pris des dispositions que cela suive la voie officielle en respectant le texte juridique. Ce phénomène au lieu d’être résolu prend de l’ampleur. Il faut trouver des solutions plus draconiennes, que cela respecte les conditions juridiques. C’est pourquoi nous revenons. Le deuxième problème qui nous préoccupe, c’est la taxation du cacao au niveau des producteurs » a expliqué Apollinaire Ngwe président du Conseil exécutif du CICC qu’assistait Omer Gatien Malledy le secrétaire exécutif.
Les exportations se poursuivent par voies terrestre et fluviale en dépit de la mise en place du projet de texte approuvé par les services du Premier Ministre à la grande surprise des acteurs. « Nous avons tous constaté que le volume en partance pour le Nigeria est en hausse trente-sept mille tonnes .Il existerait un vide juridique pour les exportations par voie terrestre. Pour la campagne 2023-2024, les autres administrations n’ont pas joué le jeu .Si une cargaison arrive a Mamfe hors norme, elle devrait saisie .On n’a pas le soutien des administrations en place : la sécurité, les douanes en charge du contrôle des exportations .La douane a intérêt à ce que les marchandises qui sortent, sortent légalement», a relevé Michael Ndoping le directeur général de l’Office National du Cacao et du Café (ONCC).
Pour les patrons de la filière, une telle situation s’explique entre autre par le non fonctionnement des check points, la baisse drastique du volume d’achat des acheteurs du Sud-Ouest .Pourtant l’arrêté de novembre 2023 signé par le ministre du commerce précise que les exportations se fassent dans un cadre légale. Tous les acteurs sont unanimes qu’il manque à l’appel 37 mille tonnes. Apollinaire Ngwe qui salue pourtant les efforts du gouvernement demeure insatisfait : « Le ministre du Commerce a beaucoup fait et nous le savons .Il faut remobiliser toutes les parties prenantes. Les efforts sont encore demandés ainsi que les cheiks points .Au-delà de Mamfe existe des magasins .Il faut renforcer les contrôles au niveau des administrations. Nous proposons le rapatriement des devises car, si rapatriées, ca rétablira une meilleure compétition sur le marché ».
Suspension des exportations
Pour y remédier, le patron du Commerce précise « -qu’un certain nombre d’éléments soient fournis par les exportateurs en cas de passage au port, et la mise en place des routes légales à suivre par les produits .Avant le problème de sécurité, c’est d’abord un problème de responsabilité, il faut appliquer les textes. Les cheiks -points ne sont pas facultatifs, ils doivent fonctionner». D’autres difficultés qui favorisent ce commerce illicite sont le manque de moyens financiers et les défis sécuritaires. « Pour le cacao qui va au Nigeria, les frontières sont vastes, les portes de sorties ont été identifiées. Le cacao de Mamfe passe par kumba,il n’y a pas d’usines de transformation, automatiquement ça va au Nigeria. Donc tout camion transportant devrait présenter le document d’exportation. Il existe une liberté de sortie, les camions sont chargés nuitamment pour échapper aux contrôles .Avant la crise, on a noté une croissance de près de 6% à cause du désintérêt des planteurs. Dans le Littoral, le Centre, la production a baissé en 2023 en raison des exportations vers le Nigeria », a clarifié la directrice générale de Telcar Cocoa Ltd.
Avant d’ajouter qu’: « Il existe un problème de sécurité .Il faut voir comment les agents de la sécurité devraient assister l’ONCC, et les populations pour leur permettre de travailler. Nous ne refusons pas les exportations .Mais, nous devons respecter les règles .Si vous tenez compte des statistiques trente-sept mille tonnes exportées, tous les efforts de qualité se détériorent dans le Sud-Ouest. Les transformateurs locaux ont des difficultés .Les produits vont au Nigeria. La disparition des jeunes exportateurs s’expliquent…les nigérians ne paient pas de taxes et ne rapatrient pas de fonds. Tous les efforts sont concentrés sur les exportateurs. Si ça continue nous ferons la même chose ».
James Musima président de l’association nationale des producteurs de cacao abonde dans le même sens : « Il existe des magasins de stockage illégaux dans le Sud-Ouest. Ce qui arrive est un problème des services en charge de contrôle. Si les contrôleurs se sont engagés avec des acheteurs illégaux que faire ? Nous avons besoin d’un véritable service de contrôle en région. C’est un problème de corruption qui fait ».
L’on se souvient d’une récente mesure de suspension des exportations à destination du Nigeria prise par le Mincommerce qui avait fait couler beaucoup d’encre et de salive. « Il faut que les contrôles se fassent sinon ces pratiques vont prospérer. J’ai pris mon courage. On suspend les exportations si ça continue. Je peux reprendre, je suis prêt à reprendre », menace le membre du Gouvernement.
Josep KAPO