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December 13, 2024
COOPERATION

« Il y avait, certainement, un déséquilibre dans les rapports entre l’Afrique et l’Europe »

  • avril 15, 2014
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« Il y avait, certainement, un déséquilibre dans les rapports entre l’Afrique et l’Europe »

Hommes d’Afrique: Que renferme le sigle ECDPM ?
Geert Laporte: C’est une organisation avec un nom impossible. Il signifie European Center for Development Politics Management (Centre européen de gestion des politiques de développement). C’est une fondation qui a été créée en 1986 pour appuyer les pays africains dans l’utilisation des conventions ACP-UE. La fondation travaille surtout sur les relations Europe-Afrique. Nous travaillons avec les partenaires africains et européens toujours en tant que fondation indépendante non partisane. Nous jouons un peu le rôle de courtier d’idées et de fondations qui produit des analyses pratiques, surtout pour les praticiens, pour les décideurs. Donc, nous ne sommes pas un centre académique, pas un think thank traditionnel.

Hommes d’Afrique: Peut-on parler de partenariat entre l’Union Africaine et l’Union Européenne étant donné le déséquilibre de richesses et de puissances entre les deux institutions ?
Geert Laporte: Je crois que vous avez raison. Il n’y a pas encore un vrai partenariat mais les conditions sont en train de changer, c’est clair. Du côté africain, il y a une croissance économique assez spectaculaire. Il y a beaucoup de changements en train de se dérouler en Afrique. Du côté européen, on voit qu’il y a une crise politique mais aussi économique et financière qui n’est pas encore résolue et qui va probablement encore durer quelque temps et je crois qu’en fin de compte, ça va un peu changer les rapports traditionnels qui étaient des rapports de donneur – récipiendaire, des rapports de force entre une Europe qui se portait encore bien comme une force post coloniale et l’Afrique qui n’avait pas toujours les moyens et les possibilités de mieux s’organiser dans le dialogue avec l’Europe. Donc il y avait, certainement, un déséquilibre dans les rapports. Maintenant, je trouve que c’est en train de changer. On aura des perspectives de rapprochement mais il y a encore beaucoup de problèmes qui doivent être résolus des deux côtés.

Hommes d’Afrique: Qu’avez-vous retenu des interventions?
Geert Laporte: Ce que j’ai retenu c’est qu’il y a certainement dans cette conférence du côté africain beaucoup de volonté de devenir moins dépendant de l’aide. Il y a vraiment cette volonté de devenir une région qui décide pour elle-même et qui n’est plus dépendante du financement de l’Union européenne et d’autres sources de financements. Il faut encore un certain temps, parce que les mécanismes pour mobiliser ces ressources propres prendront encore du temps. Il faudra du temps pour se mettre d’accord sur les différents systèmes et mettre en oeuvre ces systèmes de mobilisation de ressources financières au sein des États africains et au sein des institutions régionales et panafricaines. Mais il y a une certaine volonté pour investir plus sur cette voie et c’est une chose positive que j’ai retenue de cette conférence. Du côté européen, il y a cette volonté de mieux comprendre les contentieux dans les rapports Europe- Afrique. Avant l’Europe était assez forte dans la façon dont elle était en train de s’imposer dans ses relations avec l’Afrique. Beaucoup de conditionnalité, beaucoup d’exigences. Maintenant, j’ai l’impression qu’ils sont en train de freiner un peu plus dans cette démarche. Donc il y a une évolution aussi de ce côté-là ; peut-être une évolution qui va amener un peu de modestie dans les rapports entre les deux continents.

Hommes d’Afrique: Comment les progrès de la Chine influencent-ils les relations entre l’Union Africaine et l’Union Européenne ?
Geert Laporte: Ça influence certainement les rapports parce que pour l’Afrique, ça donne des alternatives. L’Afrique a maintenant le choix entre plusieurs partenaires comme le Brésil aussi ou la Turquie, l’Inde, pas seulement la Chine. De l’autre côté, je crois que certains de ces nouveaux bailleurs de fonds, de ces nouveaux partenaires ont aussi leurs limites. Ils ont parfois un discours qui est très ouvert pour établir des rapports égaux avec l’Afrique mais dans la pratique, on remarque qu’il y a aussi des problèmes au niveau des entreprises chinoises où il y a des problèmes d’exploitation des forces ouvrières et des choses qui ne passent pas toujours d’une manière acceptable. Je crois que l’Union Européenne ou l’Europe, en tant que partenaire de longue date, a des atouts dans l’avenir que la Chine n’a pas nécessairement, en termes de modèle social, en termes de modèle d’intégration. Il y a peut-être avec l’Europe plus d’ouverture.

Hommes d’Afrique: Quels seront les questions qui seront abordées lors du prochain sommet entre l’Union Africaine et l’Union européenne en avril prochain ?
Geert Laporte: Il y a un grand thème qu’ils ont choisi, c’est un thème qui couvre un peu tout : c’est prospérité- peuple- paix. Les grands P comme on dit et qui couvre un peu tout. Sécurité, développement, démographie, changements climatiques… Honnêtement, je trouve que l’agenda est trop large et qu’il faudra sélectionner et qu’il faudra axer le sommet sur le changement des mentalités. Ça me paraît plus logique que de seulement, obliquement, parler de thèmes spécifiques. Donc, ce n’est pas un sommet qui devrait couvrir des thèmes de contenus mais parler des approches parfois contradictoires entre les deux continents et il faudra investir dans cette compréhension des logiques qui sont en train de se développer sur les deux continents. Il y a un rapport de sourds qui n’est pas encore réglé. Le côté africain trouve l’Europe un peu paternaliste et le côté européen trouve que l’Afrique n’avance pas assez vite. Des deux côtés, il y a des contentieux qui doivent être résolus.

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