Dr Pierre M’PELE, Ambassadeur de Mercy Ships pour l’Afrique et Directeur du Bureau Régional de Mercy SHIPS en Afrique: «L’Afrique change et les systèmes de santé également. Mais, il reste encore beaucoup de travail à faire»
Pouvez-vous nous décrire Mercy Ships en faisant l’historique de son action en Afrique ?
Mercy Ships est une organisation confessionnelle internationale et humanitaire créée en 1978 par Don Stephens et qui fournit gratuitement des soins de santé notamment chirurgicaux aux populations les plus pauvres en Afrique. Mercy Ships a commencé son service humanitaire en Afrique, en 1990 au Togo.
Nous voguons de port en port pour donner des services chirurgicaux de qualité et les plus complets auxquels les populations africaines les plus démunies ne peuvent y avoir accès. Nous fournissons des chirurgies curatives dans le domaine de la chirurgie générale, de l’orthopédie, de la chirurgie plastique reconstructive, de l’ophtalmologie, de la chirurgie maxillo-faciale et de la santé des femmes (réparation des fistules) etc. Nous mettons en place également des cliniques dentaires et tous nos soins sont gratuits. Nous avons déjà servis une quinzaine de pays en Afrique dont le Congo, le Cameroun, le Togo, le Benin, la Guinée, le Ghana, le Sénégal, la Sierra Leone, le Libéria, la Côte d’Ivoire et Madagascar.
Nous répondons aux besoins immédiats et critiques des populations africaines grâce à notre navire-hôpital, l’Africa Mercy- le plus grand navire-hôpital civil au monde- et nous allons bientôt avoir un deuxième bateau qui va nous permettre de servir davantage de pays africains.
Quel est le nombre annuel de patients servis par Mercy Ships ?
Nous étions en Guinée d’août 2018 à juin 2019 et nous avons réalisé plus de 2.100 opérations chirurgicales. Dans le domaine de la santé bucco-dentaire, nous avons réalisé plus de 40.000 consultations pour plus de 8.000 patients.
Mercy Ships offre également une variété de formations pour les professionnels de la santé (chirurgiens, médecins, sages-femmes, instrumentalistes, anesthésistes, ingénieurs médicaux de maintenance etc.).
Nous les formons pour que ceux-ci puissent bien après le départ du bateau continuer le travail déjà entamé. En Guinée, par exemple, nous avons mis en place une clinique dentaire avec neuf (09) fauteuils qui continuera à assurer la formation et la gratuité des soins pour les populations.
Comment se déroule la collaboration entre les Etats africains et votre organisation ?
La collaboration est très bonne. Le Bureau Régional de Mercy Ships pour l’Afrique dont j’ai la charge s’en occupe particulièrement. Nous signons un protocole de collaboration avec le pays-hôte pour un cycle de 5 ans. Nous avons 02 ans avant l’arrivée du bateau des activités, ensuite 10 mois de présence du bateau dans le pays-hôte et enfin de 02 ans de suivi et évaluation des activités après le départ du bateau.
Depuis 1990, vous évoluez dans ce domaine avec les Etats africains. Quelle différence observez-vous entre les systèmes de santé de ces différents pays et avez-vous remarqué une évolution des systèmes de santé locaux ?
Oui l’Afrique change et les systèmes de santé également. Mais, il reste encore beaucoup de travail à faire sur le continent en matière de santé publique. Il faut donner encore plus de priorité à la santé.
Quelques pays ont réussir à bâtir des systèmes de santé puissants et résilients comme ceux du Cap-Vert, de l’Ethiopie, du Botswana et du Rwanda.
Mais des défis doivent encore être surmontés dans d’autres pays notamment l’assurance maladie dans la perspective de la couverture sanitaire universelle d’ici à l’an 2030. C’est ambitieux mais
réalisable.