Burkina Faso: l’appareil judiciaire toujours paralysé par des grèves
Au Burkina Faso, cela fait maintenant plusieurs semaines que le procès du coup d’Etat manqué de septembre 2015 est suspendu. Toutes les audiences dans les différents tribunaux sont interrompues depuis la grève lancée par les avocats du Burkina. Tous les accusés et leurs conseils attendant la reprise de l’audience, mais ils doivent encore patienter car le problème à l’origine de cette suspension n’est encore pas résolu. Et les avocats ont reconduit lundi leur grève pour deux semaines et ont annoncé la tenue d’un sit-in lundi prochain devant la Maison d’arrêt et de correction de Ouagadougou (Maco).
Depuis le mois d’octobre 2018, les agents de la sécurité pénitentiaire sont en mouvement d’humeur pour exiger du gouvernement de meilleures conditions de travail et l’application des textes concernant leur carrière.
Suite à une manifestation, certains agents avaient été révoqués. Une décision suspendue par la justice, mais ces agents n’ont pas encore repris le travail selon Abdoudramane Thiomabiano, secrétaire général du syndicat national des agents de la garde de sécurité pénitentiaire. « Le ministre nous considère toujours comme des révoqués. Mais nous aussi, nous sommes fermes et convaincus que si lesdits révoqués ne réintègrent pas (leurs postes), nous n’allons pas reprendre le service ».
Conséquence: pas de transfèrement de prévenus ni de visite aux détenus. L’appareil judiciaire est grippé. Ce qui a conduit les avocats à entamer une grève depuis quelques semaines pour exiger du gouvernement le respect des droits des détenus et prévenus.
« C’est la durée de ce mouvement qui a entraîné les avocats dans la danse, parce qu’ils ont vu que, du fait même qu’ils n’arrivent pas à faire leur travail, le droit des détenus, le droit des gens est violé », poursuit Abdoudramane Thiomabiano.
Au tribunal militaire de Ouagadougou, les 84 accusés dans le cadre du coup d’Etat manqué de septembre 2015 attendent toujours la reprise du procès. Après les interrogatoires et la comparution des témoins et victimes, le procès entrait dans la phase des plaidoiries des avocats des parties civiles, lorsque les avocats du Burkina ont décrété un arrêt de travail pour dénoncer le dysfonctionnement de l’appareil judiciaire.