Afrique-Europe: Partenariat, Mention médiocre !
A l’ouverture du sixième sommet entre l’Union Africaine et l’Union Européenne, les Africains exposent le fossé entre la volonté déclaratoire, théorique de l’Europe et l’insuffisance des retombées pour le développement de l’Afrique.
C’est un sentiment d’inachevé qui anime les africains à ce sixième sommet Union Africaine Union Européenne. L’Afrique fait le bilan d’un partenariat pas aussi déterminant à la concrétisation à l’aune des discours. Le discours de Moussa Faki Mahamat, président de la commission de l’Union Africaine illustre parfaitement cela. « Bien que cette convergence euro-africaine déclaratoire constitue assurément un indicateur de cohérence dans une commune vision stratégique, elle pèche, cependant, pourquoi se le cacher, par un vrai décalage entre formulations discursives et ses retombées factuelles, pratiques » assène-t-il dans une liberté de ton qu’on lui connait.
Difficile de ne pas s’accorder avec le patron de la technostructure continentale. En effet, si l’on se fie aux documents, aux discours et à la bienséance, l’Europe est très chaleureuse et solidaire de l’Afrique. Pourtant, le volume du partenariat reste en deçà des efforts consentis par d’autres partenaires n’ayant point la même histoire commune que l’Europe et l’Afrique. Le président de la commission de l’UA appelle l’Europe à respecter ces choix de l’Afrique, qui n’a d’autres choix dans la course effrénée vers son développement « l’Afrique développe une diversité de partenariats qui n’a pas la même histoire, ni la même ampleur que celle de notre partenariat avec l’Europe. Ces nouveaux partenariats ne sont pas moins pertinents et avantageux pour l’Afrique et de ce point de vue, sont dignes de respect de prise en compte ».
Financement du partenariat
Le financement du développement est l’épineux problème de l’Afrique. L’Union Européenne maintient sa stratégie qui privilégie les intérêts européens. Moussa Faki Mahamat situe le débat : « la raréfaction des financements en dépit de leur immense disponibilité potentielle renforce l’obsédante question de la reprise économique. Le fait que notre partenariat n’a pas été capable, jusqu’ici, de réussir, en plénitude, cette mobilisation possible en faveur d’un vrai plan de reconstruction et de modernisation, est franchement désolant ».
Avant d’ajouter pour ne pas se montrer candide « je sais, au demeurant, que le nœud ici n’est pas la disponibilité des financements mais encore et toujours le rassemblement des volontés politiques garantissant les meilleures affectations et surtout les systèmes d’une gouvernance mondiale juste et solidaire ».
Pour Macky Sall, président de la conférence des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union Africaine, « à l’ère des complémentarités et des interdépendances, nous avons tous besoin les uns des autres. C’est dire que l’Afrique ne peut se satisfaire de la promesse de continent du futur, selon l’expression à la mode ». Comme dans une tactique footballistique, les africains mettent la pression aux européens.