SŒUR SOLANGE SIA, DOCTEURE EN THEOLOGIE
Une fois n’est pas coutume, Femmes d’Afrique Magazine retrace le parcours d’une Africaine qui excelle dans un domaine presqu’essentiellement masculin, la théologie. La sœur Solange Sia, religieuse de la congrégation Notre Dame du Calvaire, est docteure en théologie. Un diplôme qu’elle a obtenu à l’UCAO (Université catholique d’Afrique de l’Ouest) d’Abidjan en Côte d’Ivoire.
La Côte d’Ivoire compte peu de théologiennes, elles sont juste deux à avoir le doctorat en théologie. Toutes les deux sont donc des pionnières dans leur domaine. Il y a la sœur Euphrasie Avlé qui est docteure en droit canonique et la sœur Solange Sia.
Agée de 42 ans, cette dernière est docteure en théologie spirituelle et enseignante dans plusieurs universités catholiques ivoiriennes, la religieuse est secrétaire de la Cellule de réflexion et de production des théologiens ivoiriens (Cerepti), une association fondée en 2013.
« Ce n’est pas tout le temps facile, avoue-t-elle. Mais avec beaucoup de patience et de douceur mais aussi de fermeté, on peut arriver à faire entendre sa voix dans cette association très majoritairement masculine », laisse-t-elle entendre.
[quote] Enseignante depuis près de 10 ans [/quote]
Depuis près de 10 ans, sœur Solange dispense des cours en théologie de la spiritualité et sur la vie religieuse dans les universités catholiques de Côte d’Ivoire : Université catholique d’Afrique de l’ouest (Ucao), Centre Lasallien africain (Celaf), Institut de théologie de la Compagnie de Jésus (ITCJ), Institut catholique missionnaire d’Abidjan (Icma).
Formée en France à l’Institut des études religieuses (IER) puis à l’Institut catholique de Paris où elle passe son diplôme de philosophie et sa licence canonique entre 2001 et 2009, elle décide ensuite de passer son doctorat en Afrique. « Je comptais aborder des questions propres à l’Afrique pour mon doctorat en théologie, explique-t-elle. Dans mon entourage à Paris, j’avais remarqué plusieurs cas d’Africains désireux de travailler sur des auteurs ou thèmes africains mais qui ne trouvaient pas un directeur susceptible de les encadrer. »
Aux yeux de la jeune femme, il était important de rentrer s’imprégner des réalités ivoiriennes.
En 2012, elle s’inscrit en doctorat et prépare une thèse en théologie spirituelle qu’elle soutiendra en 2018 devenant ainsi la première femme à porter le titre de docteur en théologie à l’Université catholique d’Afrique de l’Ouest (Ucao).
Au sein de sa congrégation, sœur Solange est responsable des sœurs en formation à Koumassi, dans le diocèse de Grand-Bassam (sud-est).
[quote]Ma mère rêvait de me voir mariée et mère de famille [/quote]
La vocation de Solange s’est épanouie dans une famille catholique pratiquante.
Enfant, déjà, elle était très engagée dans sa paroisse à San Pedro, dans le sud-ouest de la Côte d’Ivoire. Née d’un père catéchiste et d’une mère très pratiquante, la religieuse sent l’appel à la vie consacrée au début dans années 1990, en classe de 5e.
« Il y avait une religieuse française du nom de sœur Jeanne-Françoise qui était en mission à San Pedro et que j’admirais particulièrement à cause de son amour pour les enfants et de sa joie de vivre », se rappelle-t-elle. Mais cet appel à la vie religieuse n’a pas été facile à accepter pour la mère de l’aspirante.
« Elle rêvait de me voir mariée et mère de famille, avoue sœur Solange. Mais comme elle est très croyante, elle m’a laissée faire mon cheminement avec le groupe vocationnel ».
Soutenue par son père, la jeune femme opte, après son bac en 1995, pour la vie consacrée. « Mon père m’a assuré de son soutien et de son amour inconditionnels. Il m’a dit que sa maison me serait ouverte si mon expérience avec la congrégation Notre Dame du calvaire tournait court ». Quatre ans plus tard, sœur Solange Sia prononçait ses premiers vœux.
Sa supérieure générale qui avait assez vite détecté sa curiosité intellectuelle et sa vivacité d’esprit, lui propose alors une formation en théologie. Cette religieuse brésilienne s’était rendu compte qu’en Côte d’Ivoire, il n’y avait pas de théologienne. Il fallait dès lors se battre pour décrocher son doctorat et relever le défi d’embrasser une carrière d’universitaire.