Madagascar : le colonel du renouveau promet la paix et la rupture

À Antananarivo, la solennité était palpable lorsque le colonel Michael Randrianirina a prêté serment comme nouveau président de Madagascar. Trois jours après un coup d’État militaire, le commandant de l’unité d’élite a promis de “rompre avec les pratiques néfastes du passé” et de rebâtir un État juste et solidaire.

Face à la Haute Cour constitutionnelle, il a appelé les Malgaches à “défendre la paix et l’unité” pour relever un pays en détresse économique. Le nouveau chef de l’État, désormais à la tête d’un conseil militaire transitoire de 18 à 24 mois, veut redonner confiance à une jeunesse moteur de la contestation ayant conduit à la chute d’Andry Rajoelina, aujourd’hui en fuite.

Pour beaucoup, cette transition est vécue comme la victoire du peuple. “Nous avons lutté pour des besoins essentiels, et on nous a répondu par la répression. Aujourd’hui, c’est notre victoire”, confie Rakotoarisoa Alban, conseiller municipal.

Mais la communauté internationale reste méfiante. L’Union africaine a suspendu Madagascar et l’ONU a dénoncé la prise de pouvoir militaire. Dans les rues d’Antananarivo, l’euphorie populaire se mêle déjà à la crainte d’un nouveau cycle d’incertitude. “Les jeunes ont voulu être entendus. Espérons que cette fois, on les écoutera”, glisse Rabemanantsoa Emmanuel, observateur du mouvement.

Randrianirina joue désormais sa légitimité : celle d’un colonel qui veut convaincre qu’il n’est pas un putschiste, mais le chef d’un renouveau national.

Par Cir-Raoul HOUNGBEDJI