Cameroun : Paul Biya, le patriarche indéboulonnable
À 92 ans, Paul Biya signe un nouvel exploit politique. Le président camerounais, au pouvoir depuis 1982, a été réélu pour un huitième mandat consécutif avec 53,66 % des voix, selon le Conseil constitutionnel.
Il s’agit là d’un score en baisse par rapport aux précédentes élections, mais suffisant pour conserver le fauteuil présidentiel. Son principal adversaire, Issa Tchiroma Bakary, conteste vigoureusement le scrutin qu’il qualifie de « mascarade ». L’opposant revendique sa propre victoire et accuse le régime d’avoir verrouillé tout le processus électoral. Des manifestations ont éclaté à Garoua et à Douala, causant plusieurs morts selon les témoins.
Malgré la tension, le pouvoir reste ferme. Forces de l’ordre déployées, circulation restreinte, magasins fermés : le pays s’est figé dans l’attente.
Avec 43 ans de règne, Biya reste le deuxième chef d’État seulement depuis l’indépendance du Cameroun. Il a survécu à toutes les crises — économiques, politiques ou séparatistes — sans jamais céder un pouce de pouvoir.

Mais cette réélection laisse un goût amer : participation faible (46,31 %), accusations de fraudes, violences localisées. Beaucoup de Camerounais s’interrogent désormais sur l’après-Biya, alors que le pays s’enlise dans un système que d’aucuns jugent à bout de souffle.
Une chose est sûre : à Yaoundé comme à Garoua, le vieux lion n’a pas dit son dernier mot.
Par Cir-Raoul HOUNGBEDJI








