Sénégal : un contrat de 700 millions d’euros de l’eau conclu sous Macky Sall dénoncé.
Cheikh Tidiane Dièye, ministre sénégalais chargé de l’Eau, a dénoncé sur les médias ce 4 juin, un contrat de 700 millions d’euros conclu il y a trois mois sous la présidence de Macky Sall, avec un groupe saoudien pour la fourniture d’Eau et la construction d’une usine de dessalement.
Les nouvelles autorités sénégalaises avaient annoncé les couleurs à leur prise de pouvoir en affirmant leur ferme volonté de rompre avec les anciennes pratiques qui ne profitent pas aux intérêts de l’ensemble des sénégalais. On se rappelle que dans l’une de ses adresses à la nation, le président Bassirou Diomaye Faye avait dit vouloir “réexaminer les accords existants, dans les secteurs miniers, pétroliers et gaziers par exemple, pour s’assurer qu’ils ont été scellés au mieux des intérêts nationaux et dans la régularité”.
C’est donc sans surprise que le ministre chargé de l’Eau a dénoncé le projet en question. Signé fin mars dans les derniers jours de la présidence de Macky Sall, ce contrat de partenariat public-privé entre la Société nationale des eaux du Sénégal (Sones) et le groupe saoudien Acwa Power, “ne rentre pas dans les options stratégiques du gouvernement et nous avons décidé de ne pas le poursuivre”, a confié le ministre à la télévision privée 2STV.
Un contrat non conforme aux intérêts du Sénégal
En investissant la bagatelle de 459 milliards de francs CFA (plus de 700,7 millions d’euros), le groupe saoudien Acwa Power s’engage pour la construction et l’exploitation de la deuxième usine de dessalement d’eau de mer du Sénégal. L’Etat sénégalais aurait donc acheté l’eau produite, puisqu’il devait verser “20 à 40 milliards FCFA” par an pour l’achat de l’eau, a précisé le ministre.
Cependant, la demande étant sans cesse grandissante dans la capitale sénégalaise notamment, l’usine qui sera installée près du Lac rose à l’est de Dakar non loin de la côte Atlantique, est censée produire à terme 400.000 m3 par jour. Or, fait savoir Cheikh Tidiane Dièye, “dans trois ou quatre ans, on aura besoin de plus de 400.000 mètres cubes par jour parce que la population de Dakar va augmenter. Le prix de l’eau risque d’augmenter à cause de la technique utilisée et les études environnementales prévues n’ont pas été faites”.
Toutes ces incongruités ajoutées au fait que “la construction de l’usine n’a pas encore commencé”, le ministre en charge de l’Eau conclut qu”il ne peut y avoir un préjudice”.
Cyr Raoul HOUNGBEDJI